30 ans après l’expédition Gaisseau qui signait la première traversée de la Nouvelle-Guinée sud-nord, deux jeunes gens décident de remettre leur pas dans ceux de leur aîné. Avec pour viatique les photos de l’expédition et une bonne dose d’inconscience, ils réalisent un témoignage sur les changements intervenus dans les tribus papoues. Échappant à la surveillance des militaires indonésiens, ils marchent à la rencontre de la montagne interdite. Plus de 1 000 kilomètres éprouvants dans des territoires où vivent de fascinants Papous tailleurs de hache de pierre...

 

MULTIPRIMÉ DANS DE NOMBREUX FESTIVALS

* Grand Prix du premier Festival Jules Verne Aventure, Paris, 1992

* Grand prix de la Société de Géographie, festival international du film de géographie, Saint-Dié, 1992

* Prix spécial du Jury, festival du film d'aventure de Dijon, 1992

* Prix spécial du Jury et Prix du film d’exploration, festival du film de montagne et d'aventure d’Autrans, 1992

• Grand prix et prix du public au 3e Festival International du Film d’Expédition et d’Aventure de Liège (Belgique) 1993

• Prix du public au Festival du Film de Grand Reportage de Lagny-sur-Marne 1993,

etc.

 

Un film de Luc-Henri Fage et Arnoult Seveau | 52 minutes | Images Luc-Henri Fage | Montage Pierre Boccanfuso | Production Tarentula Production, avec la participation de Canal Plus.

Diffusion Canal +, Discovery Channel, Odyssées, Voyage...

Remasterisation et diffusion Felis Production.

2024 : remastérisation en HD du film !

En 1990, le film a été tourné en SD à l'aide de petites caméras vidéo Sony Hi8, le seul format alors adapté à ce genre d'aventure ! Ni en 16 mm, ni en Bétacam il nous aurait été possible de filmer en faisant la traversée à deux seulement.

 

Dès notre retour, les rushes ont été transférées en cassettes Beta SP et le film qui a été diffusé par Canal+ en 1992 (et à plusieurs reprises, jusqu'en 1995) avait été post-produit dans ce format, le seul à l'époque pour les télévisions.

 

Mais une image Hi8 reste une image Hi8, et 30 ans plus tard, il est difficile de regarder ces images, malgré l'intérêt exceptionnel de ces images…

C'est pourquoi, 32 après sa diffusion sur Canal+ nous avons réalisé une prouesse, aidé par un logiciel vidéo AI, à savoir remastériser le film au format HD ! Ajoutant un étalonnage poussé qui tienne compte des rendus actuels des écrans plats, cela nous permet de proposer une version complètement nouvelle du film, en HD ou en DVD.

Du coup, à partir de mai 2024, les DVD vendus dans la boutique profitent de cette amélioration (les images en haut et ci-dessous sont parlantes, à gauche le DVD ancien, à droite le nouveau DVD!)

Par ailleurs, le DVD est proposé avec des sous-titres en français pour les malentendants, et en anglais, allemand, italien, espagnol et même en Bahasa Indonesia.

Par ailleurs, l'ensemble des rushes de l'expédition 1990 ont également été sauvegardées en fichiers numériques Apple Pro Res 422, et devrait prochainement être exploités pour la réalisation de courts sujets (la fabrication d'une hache de pierre, la fête au village de Dunum chez les Dani, etc) qui n'avaient pu être développés dans le 52 minutes. Des expositions sont en cours de préparation.

Le Monde - 21 juin 1992

 

LE CIEL ET LA BOUE ; LA MÉMOIRE DES BRUMES :

CANAL +, 11 h et 22 h Les survivants de l'âge de pierre

 

A l'ouest de la Nouvelle-Guinée, des Papous vivent encore à l'âge de la pierre polie. Deux documentaires, tournés en 1960 et en 1991, permettent d'accomplir un voyage dans la préhistoire.

 

Sur la carte de l'Irian-Jaya, il existe encore, en cette fin du vingtième siècle, une tache blanche barrée de la mention " Informations incomplètes sur le relief ". L'Irian-Jaya est le territoire — vaste comme les quatre cinquièmes de la France — qui occupe la partie occidentale de la Nouvelle-Guinée, l'Est constituant l'Etat indépendant de Papouasie. Après une annexion par l'Espagne, puis une colonisation par la Hollande, la province est devenue une dépendance indonésienne en 1963. Traversée d'est en ouest par une chaîne de montagnes culminant à 5 000 mètres et noyées dans les nuages, elle est recouverte de forêts au sol spongieux. Elle est peuplée d'environ un million d'habitants, pour la plupart papous. Précédée d'une sale réputation, "l'Ile des mauvaises gens", ainsi que l'avaient baptisée les navigateurs portugais, fut négligée par les explorateurs et les missionnaires. Les colonisateurs, eux, se contentèrent d'établir sur ses côtes quelques comptoirs commerciaux.

 

Cette terra incognita située dans la zone la plus élevée de la cordillière représente une véritable aubaine pour les derniers explorateurs. Aucune route n'y pénètre encore, aucun sentier n'y est connu. Tout est à découvrir. Les premiers à se lancer dans l'aventure furent deux Français, Gérard Delloye et Pierre-Dominique Gaisseau. Ils partirent, le 3 septembre 1959, d'un poste militaire hollandais de la côte sud, en direction du Pacifique via le territoire des Papous, 600 kilomètres à vol d'oiseau. L'expédition comprenant huit Européens (sept Français et un officier hollandais), quatre policiers locaux et soixante-trois porteurs papous, mit sept mois à atteindre son but, le 3 avril 1960.

 

Gaisseau, Delloye et leurs compagnons, premiers Blancs que les "chasseurs de têtes", armés d'arcs et de flèches, aient jamais rencontrés, rapportèrent de leur voyage des images qui firent sensation. Des photos signées Tony Saulnier, d'abord, dont l'une, portrait d'un guerrier allongé, le cou nonchalamment appuyé sur un crâne humain, parut dans les magazines du monde entier. Pour les Papous, rien de plus naturel que cette attitude, car la possession de la tête d'un adversaire vaincu permet de s'approprier son courage, sa force et son intelligence.

 Ensuite, un documentaire de Pierre-Dominique Gaisseau, le Ciel et la Boue, 90 minutes en 35 mm, qui reçut à Hollywood l'Oscar du meilleur film documentaire en 1961. Un livre, enfin, de Gérard Delloye, la Hache de pierre, dans lequel l'auteur révélait l'existence des derniers habitants de la planète vivant encore à l'âge de pierre.

 

Trente et un ans plus tard, deux jeunes Français, Arnoult Seveau et Luc-Henri Fage, décident de partir à la recherche des Papous que Gaisseau et Delloye avaient été les premiers à rencontrer. Munis d'une collection des photos de Tony Saulnier, ils entament, le 15 décembre 1990, un périple qui s'achèvera soixante-quinze jours plus tard, le 26 février 1991, sur la côte nord. Contrairement à leurs prédécesseurs, ils ne se font pas ravitailler par des largages aériens. Ils n'emportent qu'un équipement léger, un caméscope et des rations d'aliments lyophilisés, car ils veulent (sur)vivre, comme les autochtones, des maigres ressources du pays.

 

Par chance, au cours de leur progression, ils trouvent des Papous qui veulent bien guider ces drôles de Blancs qui marchent sur des sentiers vertigineux, glissants et à peine tracés. Certains d'entre eux ont appris l'indonésien à l'école des missionnaires hollandais ou américains — qui se sont fait déposer en hélicoptère dans plusieurs villages. Grâce à cette aide précieuse, Seveau et Fage éprouvent, un jour, la plus forte sensation de leur vie : se trouver en présence de Dimane, chef du clan Balio et maître tailleur de pierre. Gardien des coutumes et des traditions, il est vêtu du même "costume" que ses lointains ancêtres de la préhistoire, un simple étui pénien en écorce de coloquinte. Ils demeureront plusieurs jours avec lui pour recueillir son témoignage et le filmer dans l'exercice de son art.

 

C'est bien évidemment à Dimane, vraisemblablement dernier détenteur du savoir-faire millénaire des tailleurs de haches de pierre polie, qu'ils ont dédié leur documentaire de 52 minutes, la Mémoire des brumes, prix spécial du jury au Festival international du film d'aventures, en 1992.

Tarentula Production est distribué par Félis Production © Félis Production, 2023